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  • R. Raj

La pandémie marque l’histoire par un avant et un après -Première partie

Dernière mise à jour : 28 mai 2020

Retour sur l’avant-covid-19 : la crise de la ruralité

Depuis les années 50, on a assisté en France à la conjugaison de forces économiques et sociales qui ont conduit à l’édification d’un modèle d’occupation et d’utilisation du territoire caractérisé par la concentration des activités économiques et des ménages sur quelques lieux fortement urbanisés. Pour assurer la bonne marche du processus de métropolisation, le gouvernement a investi des sommes colossales en infrastructures, équipement et services publics sur ses centres, perçus comme les locomotives de la croissance et cœurs du progrès.


L’évolution démographique des territoires hors des grands centres urbains a été marquée par l’exode qui a entraîné un processus de dévitalisation, d’appauvrissement démographique des régions. Ce problème touchait tout particulièrement les jeunes tranches d’âge de la population. La décroissance et le vieillissement prématuré consolidés sur une période de plus de 60 ans laissaient peu d’espoir pour un redressement.


En référence, selon les tableaux de l’ISQ (Institut de la Statistique du Québec), plusieurs municipalités des régions intermédiaires et périphériques du Canada – dites régions-ressources – présentent, sur la base des « tendances historiques », des perspectives inquiétantes pour leur avenir, et la firme de consultants Groupe Ambition a soutenu que près de 200 municipalités pourraient devoir « fermer d’ici 2025 ».


L’exode rural entraîne l’abandon des terres, de la connaissance et la tradition agricole, qui constituent pourtant la source d’un minimum de ressources de survie. De plus, dans ces territoires décroissants, il y a un patrimoine culturel et naturel d’une grande richesse, qu’on ne trouve plus dans les grandes villes, mais qui est aussi dans un rythme préoccupant de dégradation.


Mais il est hasardeux de prédire la mort d’une communauté dans un contexte de grandes transitions économique, numérique et écologique qui modifient les logiques de l’occupation du territoire.


En 2000, le processus de décentralisation promettait aux communes et aux collectivités locales des pouvoirs pour mettre en place un système solide avec des politiques, stratégies, institutions et services publics de soutien et de renforcement, d'investissement et d'attractivité pour le milieu rural… Son arrêt et des programmes étatiques axés sur l’industrialisation, priorisant ainsi les villes au détriment des campagnes, et le retour à un État très vertical, ont tué dans l'œuf une multitude de projets qui auraient pu redorer le blason des campagnes, après plus de 70 ans d'exode rural, de désertification et paupérisation.


Selon Olivier Babeau, docteur en sciences de gestion, les villes ne devraient plus leur attractivité qu’à «l’absence d’emplois dans les territoires moins densément peuplés». Un point de vue partagé par Benjamin Taveau, économiste urbaniste : «les ménages ne se tournent pas en premier lieu vers les métropoles pour la qualité de vie, mais parce qu’elles sont le lieu de l’hyperconcentration de l’emploi tertiaire supérieur et des fonctions de commandement».


Les crises urbaines ont fait réfléchir les citoyens, qui cherchent à « vivre autrement » et retournent voir ce terreau important et propice pour renouveler la façon de vivre et de penser la villeil était possible d’en tirer le meilleur parti pour construire de nouveaux espaces et de nouveaux usages à travers des politiques innovantes de durabilité économique, sociale et environnementale. (Source : Florentin et Al, 2009)


Plusieurs signes sont déjà là pour nous indiquer que des profonds changements se préparent répondant à des nouvelles forces de construction et de configuration des territoires. Un raisonnement stratégique peut expliquer les décisions de chefs d’entreprises, de travailleurs indépendants et de familles de s’installer sur un territoire réputé peu attractif, dans des villes et des villages, oubliés depuis longtemps, où les ressources et les compétences nécessaires au développement d’un projet ambitieux manquent a priori. Le choix de retourner à la campagne répond-il aussi à des valeurs personnelles qui sont au-delà des préoccupations et des valeurs de la société d'aujourd’hui ?


L’urbanisme s’est en effet développé en tant que discipline moderne autour de l’idée d’une croissance urbaine prolongée, et se trouve dès lors bien souvent démunie d’outils permettant de comprendre puis de gérer la décroissance urbaine.

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